dimanche 14 mars 2021

Le Coaching et Socrate

Quand on entend parler de coaching, on entend parler de Socrate, de sa « méthode » et de l’emblématique phrase inscrite au fronton du temple de Delphes:  « connais-toi, toi-même ».

SOCRATE

Tragique destin

Peut-être Socrate a-t-il péri par excès d’intégrité. A soixante-dix ans, il est jugé sur le chef d’accusation de « détournement de la jeunesse et d’impiété ». Il se défend sans convaincre. Pendant son emprisonnement, dans l’attente de son exécution, son ami Criton évoque une possible évasion, mais Socrate refuse. Il est respectueux des lois même si certaines sont injustes.  Condamné à mort en 399 av. J.-C. il boit la cigüe jusqu’à ce que mort s’en suive, laissant ses proches au désespoir. 

Pourquoi de telles accusations ? 

Un délit grave, celui d’impiété 

En Grèce Antique, la religion et la politique sont étroitement liées dans les actes de la vie. Socrate dit respecter les rites et cultes auprès des divinités de la Cité comme tout bon Athénien. Cependant, il ne cache pas être guidé, depuis son enfance, par une autre divinité, le dieu Apollon. Cette proximité n’est pas du goût de tout le monde. Bien que se disant sans appétit pour la politique, Socrate n’y échappe pas. Athènes est une cité démocratique où chaque citoyen est appelé, un jour ou l’autre et par tirage au sort, à remplir une fonction auprès du Conseil, de l’Assemblée ou de la Justice. Devenu pour un temps Sénateur, il est le seul à s’opposer à la condamnation à mort d’un groupe de généraux  au commandement pendant la guerre du Péloponnèse. Ces généraux auraient dû être jugés individuellement, Socrate déclare la procédure illégale et le bien-fondé de l’accusation douteux. Son attitude suscite bien des remous dans la ville.  Qu’importe la critique, Socrate sait que l’exécution des généraux ne va pas redonner à Athènes sa souveraineté. Athènes a perdu cette guerre face à Sparte. Un conflit de 30 ans. Une suite de campagnes militaires auxquelles Socrate a participé au moins pour trois d’entre elles. Les pieds nus dans la neige, connaissant la faim et les horreurs le soldat Socrate s’y était distingué dit-on par son courage et ses actes de bravoure.   

Lors du procès fait à Socrate, il lui est reproché également de détourner la jeunesse à cause de ses idées. Lui-même dit n’avoir aucun disciple. Dans sa démarche il est seul avec son interlocuteur. Pourtant, un ensemble de jeunes gens enthousiastes, dont Platon et Xénophon, suivent assidûment les conversations qui s’établissent régulièrement entre Socrate et les Athéniens ou les voyageurs de passage. Il semble que son discours détonne et dérange dans le paysage habituel des nombreux intellectuels et savants circulants dans Athènes. De même sa farouche opposition aux Sophistes est notoire. Néanmoins Socrate s’est forgé un nom parmi les philosophes, et une réputation d’homme sage. Aussi lorsqu’Aristophane crée  Les Nuées,  pièce comique mettant en scène un Socrate ridicule perché dans le « pensoir »,  il s’agit peut-être pour l’auteur d’inclure tous ces penseurs dans un même  « panier » sous les traits du plus connu d’entre eux.  

Un peu de son histoire 

A Athènes, aux environs de 469 av. J.-C. naît Socrate dans une famille de la classe moyenne. Son père est sculpteur – tailleur de pierres, et sa mère exercera son métier de sage-femme après le décès de son époux. Socrate a alors 18 ans. Il a appris le métier de son père mais très vite il va préférer consacrer sa vie à la philosophie. Il a reçu un enseignement élémentaire et a bénéficié d’un accès à l’étude de la musique. Le reste de son savoir on le qualifierait de nos jours « d’autodidacte ». En effet, il fréquente les enseignants d’écoles philosophiques ainsi que la maison du riche Callias, un endroit où se réunissent les Sophistes les plus célèbres. A cette époque Athènes rayonne par sa dynamique culturelle ce qui attire, venant d’un peu partout, nombre de penseurs et autres savants avec lesquels Socrate ne manque pas de s’entretenir. Son goût d’apprendre n’occulte cependant pas son esprit critique, ainsi se forge sa vision du monde que sa « méthode » accompagnera dans son atypique parcours.  

Que savons-nous de la démarche philosophique de Socrate ? 

Socrate n’a rien écrit. Voilà bien, là encore, une particularité de cet homme hors du commun. Son nom a pourtant traversé les siècles. Sa vision du monde, nous la connaissons par d’autres philosophes et historiens qui ont écrit sur lui. Principalement par Platon (428 – 348 avant J.-C.) et Xénophon (430 – 352 avant J.-C.) au travers d’un genre littéraire qu’ils ont mis en œuvre et désigné sous le nom de « dialogues socratiques ». Bien que ces œuvres sont les fruits de penseurs ayant eux même leur propre vision du monde et de l’homme, il nous est permis d’entrevoir ce que voulait dire Socrate, et ce que signifie le message inscrit sur le fronton du temple de Delphes dédié à Apollon : « connais-toi, toi-même ». La connaissance de soi et l’éthique de soi furent une raison aux entreprenants dialogues de Socrate. 

Des dialogues pour apprendre sur soi 

Lorsque Socrate aborde l’un de ses concitoyens pour l’inviter à la discussion, il a pour objectif d’explorer toutes les idées émises à propos d’un sujet et aussi de pouvoir les confronter aux siennes. Au fil de la conversation, est très rapidement évoquée l’hypothèse que le concept de l’interlocuteur ne s’applique pas à l’ensemble des circonstances, ainsi qu’à l’ensemble des individus. L’affirmation de départ de la personne, remise à l’examen se trouve ainsi fragilisée. Le but de Socrate lors de cet exercice n’est sûrement pas de mettre son interlocuteur en difficulté, quoi qu’il y parvienne très bien. Il a un objectif bien plus sage et pédagogique : amener son partenaire à examiner ce qu’il déclare connaitre d’un sujet afin d’y trouver de quoi son savoir est constitué et ce qui l’a conduit à cette définition. Il pourra mieux cerner ainsi la valeur de ce qu’il affirme.  Socrate veut éveiller les Athéniens pour leur plus grand bien. Leur faire prendre conscience de ce qui les dirige dans la conception de leurs pensées et de leurs actes. Les libérer de concepts qui ne sont peut-être induits que par leur propre désir ou le désir d’autrui. Il est incompris dans sa démarche et nombre d’Athéniens se  méfient de leur interpellateur.  Apostropher les passants dans la rue était chose courante à Athènes à cette époque. De nos jours plus personne n’imagine une telle situation. La manière pourtant ne change rien à la profondeur de la pensée de Socrate et son message à traversé les siècles : la réflexion « éthique ».  N’est-ce pas à notre époque un modèle approprié plus que jamais ? En plaçant l’éthique au cœur des idées il est possible d’assurer l’accomplissement et la continuité des plus grands projets pour le bien de tous. 

« LA  METHODE » de Socrate 

Il s’agit d’un système de questionnement parvenant à la  « maïeutique » ce mot signifiant « art d’accoucher des esprits ». Un choix de questions visant à faire « accoucher » les solutions. Ainsi Socrate offre-t-il à ses interlocuteurs la possibilité de découvrir les vérités qu’ils possèdent eux-mêmes.
Ce que le coaching emprunte à Socrate c’est ce questionnement. Par un système de clarification le coach va permettre au coaché d’apprendre sur lui-même afin d’ouvrir toutes les perspectives. Par exemple, en identifiant et éliminant les pensées limitantes, le coaché libère le champ des possibles. Il prend conscience de ses propres capacités, ce qui l’encourage à engager les changements nécessaires à son épanouissement.